Eric-Emmanuel SCHMITT, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran.
J'ai relu ce matin Monsieur Ibrahim et les fleurs de Coran. Une amie, Amel, que je regrette d'avoir perdu de vue, me l'avait offert il y a deux ou trois ans... J'en avais gardé un souvenir aussi vague que l'impression en était forte. Ce court récit se lit en une petite heure (Je dis aussi ça pour ceux que rebutent la lecture d'un trop long roman ou qui manquent simplement de temps...) mais c'est une heure de plaisir et d'une émotion.
Ce roman, Eric- Emmanuel Schmitt l'a écrit, de son propre aveu, en très peu de temps, et sans difficulté. Son écriture est d'ailleurs simple, limpide, faite de phrases brèves et claires, une écriture « blanche ». Son message est tout aussi simple et limpide : un message de tendresse, de tolérance et d'amour.
L'histoire ? Celle d'un garçon de onze ans d'origine juive laissé à lui même, déluré, solitaire, souffrant d'un manque d'amour qui rencontre un vieil épicier « arabe » (ce qui signifie « ouvert la nuit et le dimanche, dans l'épicerie »), Ibrahim. Un argument qui rappelle inévitablement La Vie devant soi d'Émile Ajar – Romain Gary (Mercure de France, 1975), dont l'auteur aussi a dû se souvenir... De Mentor, Ibrahim devient père pour ce nouvel orphelin mal aimé. L'épicier apprendra à l'enfant à sourire, à pardonner, à aimer, à danser dans une prière soufie... Tous deux partiront pour un voyage, initiatique pour l'enfant, dernier pour l'épicier, qui fera finalement de l'enfant l'adulte qu'il voulait tant être – mais un adulte apaisé, serein et fort qui découvrira finalement quelles sont ces fleurs du Coran qu'annonce le titre.
Si ce bref roman est plein de bons sentiments, il ne tombe pas dans la mièvrerie. Il est surtout un appel à l'amour, au pardon, à la tolérance, un récit humaniste émouvant et beau qui nous rappelle que toute religion est – ou devrait être – d'abord une ouverture à l'autre.
