WILFRIED N'SONDE, Le cœur des enfants léopards (2007) et Le silence des esprits (2010)

Publié le par GRAINEDANANAR

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Le cri ultime du léopard…

Un jeune homme a perdu son premier amour. Mireille vient de le quitter, de briser son dernier lien avec l’enfance. Perdu, il sombre et commet l’irréparable. Du fond d’une cellule, sa mémoire s’enroule et se déroule comme un chant intérieur. Et c’est la voix des ancêtres qui résonne en lui soudain, celle qui réinvente l’Afrique sublimée et magnifiée.

Mais l’ Afrique n’existe pas pour lui. Sa vie s’est recroquevillée en région parisienne, dans une ville devenue pour lui une réalité de métissage et de réussite intime.

Avec une implacable justesse de ton, Wilfried N’Sondé explore la douleur de l’amour, l’appartenance et le déracinement, le désir et l’effroi. Les mots, les sentiments scandent le récit et amènent le lecteur à toucher du cœur les troubles et les désarrois de ce jeune homme, à emprunter son destin aux versants obscurs et heureux.

Poète de l’émotion charnelle et douloureuse, Wilfried N’Sondé signe un roman détonnant et saisissant dans lequel il déploie une écriture forte et rare, habitée, qui vibre et palpite…

Un livre qui happe son lecteur dès les premières lignes et résonne à jamais au plus profond de lui … comme un cri… le cri d’un enfant léopard. 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur le chemin de l’impossible oubli …silence-des-esprits.jpg

 

Dans un train de banlieue, une femme seule rencontre un jeune africain, Clovis N’Zila. Avec douceur, Christelle perçoit en lui l’angoisse. Elle lui offre sa confiance et son hospitalité, écoute le récit de sa vie. C’est la fragile rédemption d’un homme aux prises avec sa mémoire d’enfant soldat ; le bonheur éphémère d’un clandestin dans un pays où il devient de plus en plus difficile d’échapper à la police.

Avec pudeur Christelle à son tour se libère de sombres souvenirs, installe entre eux le partage des douleurs profondes, le silence de l’oubli et la vérité de l’amour : de celui qu’ils feront ensemble et de cet autre, que Clovis porte à sa sœur jumelle, condamnée elle aussi à l’errance.

Ils s’abandonnent l’un à l’autre à cœur et à corps perdus.

Dans Le silence des esprits, Wilfried N’Sondé prolonge, avec la même force d’évocation (voir le cri des enfants léopards), sa réflexion sur la marginalité, sur les êtres aux prises avec leur passé et sur le silence qui entoure leur chemin (NZila signifie chemin dans plusieurs langues du Congo). 

Le lecteur retrouve le tempo particulier et l’écriture singulière de Wilfried N’Sondé dans ce second roman. L’écriture est forte et juste lorsqu’elle plonge le lecteur dans l’angoisse de Clovis de n’être rien ; elle devient poétique pour mieux dire les plaisirs et les délices de l’amour mélangée ; elle est solaire et rare quant elle peint la vérité de l’espoir, des caresses charnelles et de l’oubli…

Merveilleux instant de lecture au plus près des émotions… parenthèse miraculeuse dans laquelle des êtres de papiers sont devenus matérialité… magie des mots qui amène le lecteur à toucher la déchirure.

 

"Comme deux enfants s’en vont pieds nus sur les sentiers, nous étions revenus à l’aube de la déchirure puis nous nous sommes envolés. »

in Le silence des Esprits

 

 

 Wilfried N’Sondé est assurément l’une des voix les plus puissantes de la nouvelle littérature urbaine et francophone.

 

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Publié dans ROMANS

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