Leila SEBBAR, Plus rouge la Seine.
17 octobre 1961... Une date occultée, longtemps oubliée. Il faudra attendre quarante ans pour que, le 17 octobre 2001, une plaque commémorative vienne enfin honorer la mémoire de ces Algériens manifestant pacifiquement et bastonnés, tués, jetés à la Seine par la police d'un Maurice Papon officiant sous De Gaulle... Une histoire qui refait surface peu à peu, à partir des années 1980, avec la parution, notamment, de Meurtres pour mémoire de Daeninckx (1984) et le travail d'enquête de Jean-Luc Einaudi...
Dans son roman polyphonique, Leïla Sebbar imagine la quête d'Amel, jeune fille de seize ans, d'origine algérienne, qui, trente-cinq ans plus tard, tente de découvrir la vérité, aidée par Omer, un journaliste algérien ayant fui les horreurs de la décennie sanglante, et par Louis, le jeune documentariste... A Nanterre, la jeune fille interroge sa mère, sa grand-mère, se penche sur l'histoire de sa famille... La recherche de la vérité est forcément erratique, elle est aussi quête de soi et parcours initiatique... Les destins se croisent dans ce roman mystérieux comme l'histoire retracée (Combien y a-t-il eu de morts ? Des dizaines ? Des centaines ?). Un roman qui ne cherche pas à donner une réponse aux multiples questions qui restent en suspens, mais qui entraîne et perd le lecteur dans les méandres d'une intrigue qui ne peut que se terminer sur une salutaire touche d'espoir.
Leïla Sebbar, La Seine était rouge, 17 octobre 1961, éd. Thierry Magnier, 1999, rééd. Babel, 2003