K. KRESSMANN-TAYLOR, Inconnu à cette adresse.

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couv-inconnu-a-cette-adresse      Mon amie Mumu avait raison. Inconnu à cette adresse est un roman épistolaire aussi court qu'efficace. Deux ans (12 novembre 1932 / 3 mars 1934) de correspondance entre deux vieux amis allemands, dont l'un, Max, est juif restant vivre aux Etats-Unis quand l'autre, Martin, rentre en Allemagne.

 

       Je ne sais si c'est l'occasion (avoir reçu ce livre de la part d'une amie lors d'une chaîne de Livre-échange) qui amplifie ce sentiment, mais il me semble que la grande question posée par ce livre, au-delà des circonstances historiques particulières dans lesquelles cette correspondance se déroule, est la suivante : « Quel genre d'amie serais-je si ma propre vie ou celle des miens était en jeu ? »


       Le 9 juillet 1933, Martin écrit de Munich à son ami Max : « En ce qui concerne les mesures sévères qui t'affligent tellement, je dois dire que, au début, elles ne me plaisaient pas non plus; mais j'en suis arrivé à admettre leur douloureuse nécessité. La race juive est une plaie ouverte pour toute nation qui lui a donné refuge. Je n'ai jamais haï les Juifs en tant qu'individus – toi, par exemple, je t'ai toujours considéré comme mon ami -, mais sache que je parle en toute honnêteté quand j'ajoute que je t'ai sincèrement aimé non à cause de ta race, mais malgré elle. […] Je me dis que tu ne comprendrais pas à quel point tout cela est nécessaire pour l'Allemagne. Tu ne t'attacheras, je le sais, qu'aux ennuis de ton propre peuple. Tu refuseras de concevoir que quelques-uns doivent souffrir pour que des millions soient sauvés. Tu seras toujours un Juif qui pleurniche sur son peuple. Ça, je l'admets. C'est conforme au caractère sémite. (pp 40-42)»

 

       Est-ce ces mots, ou plus encore la mort de Griselle, la petite sœur tant aimée, qui pousseront Max à n'être pas un pleurnicheur, mais un instrument dépassant largement le commandement « Œil pour œil, dent pour dent » du Dieu vengeur, mais mesuré, de l'Ancien Testament ?

 

      Un petit format bien adapté à cette terrible histoire. On comprend pourquoi c'est un titre très prisé par les enseignants. Un genre apprécié des élèves, une histoire au fort pouvoir évocateur et une chute qui donne à réfléchir... bien au-delà du seuil de l'âge adulte.

 

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Publié dans ROMANS

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A
<br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ce livre est très bien, mais je pense qu'il manque peut-être un petit quelque chose.<br /> <br /> <br /> Je viens moi-même de publier mon avis sur mon blog.<br /> <br /> <br /> Joli blog et bonne continuation :p<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Merci de ton passage... je vais aller lire ton avis.<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> Je suis passée à côté de cette lecture jusqu'à présent, et pourtant le genre épistolaire me branche. En revanche, la Seconde Guerre mondiale un peu moins (peut-être trop lu sur le sujet déjà),<br /> mais là, ton article me ferait changer d'avis. Merci !<br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> Oui, je comprends ta saturation sur ce thème, les publications abondent. Cependant, je crois vraiment que la qualité de ce court texte, frappant l'esprit, ne te laissera pas insensible.<br /> <br /> <br /> Merci de ton passage.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> Ce livre est dans ma Pal, il fait partie de mon challenge Abc, j'ai hâte de pouvoir le lire !<br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> Oui, c'est une lecture aussi courte que forte ! Bonne lecture !<br /> <br /> <br /> <br />